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Le Corbeau et le Renard 

Jean de la Fontaine

Maître Corbeau, sur un arbre perché,

Tenait en son bec un fromage.

Maître Renard, par l’odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage:

“Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau,

Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!

Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.”

A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie;

Et pour montrer sa belle voix,

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le Renard s’en saisit, et dit: “Mon bon Monsieur,

Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l’écoute:

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.”

Le Corbeau, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

La Fontaine

Vocabulary

alléché = attiré

ramage = chant

phénix = oiseau fabuleux

dépens = frais

confus = fâché

Focus on La Francophonie

Wanir Wélépane est un poète et homme d’église (pasteur) calédonien kanak, né en 1941. Son prénom “Wanir” signifie “petite lumière” en kanak.

Il est l’auteur du recueil de textes multilingues “Aux vents des îles”, accompagnés de photographies de Marie-Jacqueline Begueu (édité par l’Agence de développement de la culture kanak en 1993).

Kwènyii

Wêê

Numèè

Caac

Le mât est planté sur la terre

Dans l’aire de danse

Pour annoncer au peuple la danse sacrée

Prenez vos conques

Soufflez sur les montagnes

Soufflez sur les airs

Soufflez dans les forêts

Et dans les vallées

Pour appeler tout le monde

A danser la danse de la terre.

Wanir Wélépane, (texte emprunté à l’anthologie “Le français est un poème qui voyage” – Éditions Rue du Monde, 2006)

Le Pont Mirabeau

Écrit en 1912 au moment de sa séparation d’avec Marie Laurencin. le pont Mirabeau, à l’ouest de Paris, mène à Auteuil et au Bois de Boulogne. C’est un des poèmes d’amour les plus connus d’Apollinaire, d’une simplicité trompeuse. Son thème favori, l’écoulement du temps, est assimilé ici de vers en vers à l’amour enfui, à l’eau du fleuve. Il utilise le refrain, les répétitions (v. 13, 14; 1, 22), et les rythmes très marqués (v. 5, 19), en contraste avec les vers fluides comme l’eau. La même rime ou assonance est utilisée pour les trois vers de chaque strophe, dont le second est divisé en deux, en 4-6 pieds, pour former, dans une coupe originale, un quatrain fantaisiste; les syllabes longues et douces sont abondantes, et tout ceci contribue à l’extrême musicalité du poème.

Bégué, L. Choix de poésies. New York: Holt, Rinehart and Winston, 1962. p. 174.

Le Pont Mirabeau

Guillaume Apollinaire

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante

L’amour s’en va

Comme la vie est lente

Et comme l’espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

Focus on La Francophonie

Nicolas Kurtovitch est né en 1955 à Nouméa.

Contempler le ciel

Contempler la mer éternelle

C’est comme être transporté

D’un seul vol

Au-dessus d’une vallée

Mystérieuse et embrumée.

Le regard se perd

À attendre un signe de vie,

Comme un appel d’en bas

Qu’il est possible de vivre.

Le brouillard la plume la pluie

Peut-être les nuages cachent

L’herbe épaisse.

Nos pas étouffent ceux d’un

Rôdeur joyeux et malin

Venu subrepticement

Ouvrir les portes et les toits.

Qu’entre le vent et ressortent

Les âmes des morts.

Seuls les vivants restent en bas

Contempler le ciel est comme

Vivre l’éternité.

Nicolas Kurtovitch (“L’arme qui me fera vaincre” – Éditions Vent du Sud, 1989

Mon rêve familier

Paul Verlaine

Published in 1866, Mon rêve familier is a regular sonnet. Although one of the early poems of Verlaine, it already contains his typically sinuous phrasing and images that conjure up a far-off, barely visible ideal. The dream of love is real, like the consolation that the woman brings, but she is unknown, never the same, indescribable. What alone can be told is the tender melancholy of her name, the statuesque immobiliy of her eyes, and the faint calm tone of her voice that recalls the voices of loved ones who are now dead.

Lawler, J. An anthology of French Poetry. New York: Oxford University Press. 1961. p. 89.

Mon rêve familier

Paul Verlaine

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent

Pour elle seule, hélas ! Cesse d’être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.

Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,

Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,

Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Focus on La Francophonie

Jean Mariotti (1901-1975) est un poète de Nouvelle-Calédonie.

Ce texte est extrait d’un poème d’exil.

Nostalgie

Quand l’âcre odeur du soir,

De la ville mouillée, monte aux toits de Décembre

(…)

Quand la bise aigre, rasant les murs, se rue avec furie

Transportant en longs couloirs

Les senteurs rances

De Paris qui fricotte la tambouille du soir,

Je songe à mon Océanie.

Mon regret vain s’égrène

Du corail caressé par la houle câline

A la senteur si douce

De la brousse violente

Et je crois voir alors,

Perçant les brumes sales

Crevant l’horizon lourd

D’un paysage aux perspectives lentes,

Je crois voir dans le soir

Monter le ciel si clair de mon île natale,

Ciel où l’océan navigue. Irréel concave

Serti de corail. Étincelle

En dérive sous les feux du soleil.

Cette lumière,

Par lambeaux brûle mon cœur gris

Sans le réchauffer

Car je sais, oui, je sens

Puisque, tout ensemble,

Je vois le soleil de midi et

la Croix

du Sud* étincelante,

Je sens que c’est un rêve qui me tourmente,

Que c’est Décembre

Et

Que je suis à Paris.

*La Croix du Sud est une constellation qu’on ne peut voir que dans l’hémisphère sud

Jean Mariotti